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L'ambition wallonne passe par la S3

 

La recherche et la spécialisation intelligente sont, et restent, au cœur de la stratégie wallonne d’innovation. 

Vous avez dit « Stratégie de spécialisation Intelligente » ? 
Daily Science plonge dans la S3 en donnant la parole à certains de ses acteurs de terrain. De quoi voir clair également dans les concepts sous-jacents de cette stratégie, c’est-à-dire les « domaines d’innovation stratégiques » et les « initiatives d’innovation stratégiques ».

 

Un outil stratégique européen à déclinaisons régionales
La S3, la Stratégie de Spécialisation Intelligente ou « Smart Specialization Strategy » en anglais, est une stratégie globale initiée par la Commission européenne. "Cette spécialisation intelligente des Régions repose sur le principe selon lequel chacune d’elles, dans l’Union, doit concentrer ses ressources dans les domaines de recherche et d’innovation dans lesquels elle dispose des meilleurs atouts par rapport aux autres régions", résume le Pr Haïssam Jijakli (Gembloux Abro-Bio Tech/ULiège). Le Pr Jijakli dirige une des initiatives stratégiques de la S3 en Wallonie (l’IIS "WASABI 2.0").

La S3 est donc un outil stratégique de la politique régionale d’innovation et de transformation de la structure économique. A terme, cette stratégie doit permettre de répondre aux grands défis sociétaux qui se posent (alimentation, santé, énergie, etc.). Et ce, grâce à l’innovation.

Par ailleurs, cette S3 veut aussi favoriser l’emploi, la croissance économique et la transition industrielle, en incluant de nouveaux acteurs dans la dynamique d’innovation. Lesquels ? Il s’agit de toutes les forces vives qui, de près ou de loin, ont un lien avec le domaine de la spécialisation intelligente concerné. On pense aux chercheurs dans les universités et les hautes écoles, aux entrepreneurs, aux industriels, aux centres de recherche, etc.

2,7 milliards mobilisés en Wallonie
Au-delà du programme politique, il faut bien entendu aussi disposer de moyens pour mettre cette stratégie en œuvre, rétribuer les acteurs de terrain de la S3. Outre des moyens régionaux, l’Union européenne est ici aussi une source de financement de cette politique. La mise en œuvre de la S3 constitue, d’ailleurs, une condition indispensable d’accès aux Fonds structurels européens. C’est aussi un élément central du plan de relance de la Wallonie.

Au niveau wallon, c’est en mars 2021 que le précédent Gouvernement a renouvelé, pour la période 2021-2027, sa stratégie S3. Les trois quarts du budget annuel wallon dédié à la recherche et à l’innovation sont dédiés à cette stratégie. Soit 2,7 milliards d’euros pour la période 2021-2027. "Cette stratégie fait d’ailleurs partie intégrante du Plan de relance wallon", souligne Lionel Bonjean, le Directeur général du SPW Economie, Emploi, Recherche.

Cinq domaines d’innovation stratégique
Voilà pour les grandes lignes de cette stratégie. Plus concrètement, sa mise en œuvre passe par l’identification de Domaines d’innovation stratégique (DIS). Un DIS est un ensemble cohérent et ambitieux d’activités innovantes, de portée régionale, à fort impact économique et à contribution sociétale, capitalisant sur une combinaison de ressources et de forces distinctives wallonnes et centrées sur l’humain.

Les cinq DIS identifiés en Wallonie portent sur :

  • les matériaux circulaires
  • les innovations pour une santé renforcée
  • les innovations pour des modes de conception et de production agiles et sûrs
  • les systèmes énergétiques et les habitats durables
  • les chaînes agroalimentaires du futur et la gestion innovante de l’environnement

 

Une stratégie d’inclusion
Il ne reste plus qu’à entrer dans le vif du sujet. C’est ici qu’émergent les 19 Initiatives d’innovation stratégique (IIS) retenues par les autorités wallonnes fin 2022. Elles se répartissent au sein des cinq DIS et regroupent chacune les projets et leurs acteurs. L’année 2023 a vu le lancement de ces initiatives.

« Le but des initiatives d’innovation stratégiques n’est pas de soutenir directement la recherche » souligne le chimiste Stéphane Kohnen, du Centre de recherche agréé Celabor, à Herve. "Les IIS visent avant tout une mise en réseau de tous les acteurs d’un secteur afin de les connecter, de stimuler l’innovation, d’aider ces acteurs à créer de nouveaux projets. Des projets de recherche de rupture, qui naissent grâce à l’IIS."

"Bien entendu, l’idée est aussi de trouver des budgets pour mener ces projets à bien. Enfin, il est aussi question d’assurer la promotion de l’excellence de ces projets et de leurs résultats au niveau international. Une promotion à l’international qui passe, notamment, par le soutien de l’Agence wallonne à l’exportation (AWEX) et de Wallonie-Bruxelles International (WBI)", conclut-il.

 

— Cet article est écrit par Christian Du Brulle, de Daily Science, dans le cadre d'une série d'articles consacrés à la S3 wallonne.